Depuis 2 ans, Yohann Gilles de l’EARL l’Aurore, à Moutiers-sous-Chantemerle (79), produit du colza en association avec un couvert végétal. Semé presque en même temps, la lentille, le fenugrec et le trèfle d’Alexandrie évitent la prolifération des adventices et des insectes ravageurs sans perturber le développement de la culture. L’agriculteur réduit ainsi ses traitements phytosanitaires tout en gardant un rendement similaire.
« Lorsque je suis passé en certification HVE, j’ai souhaité réduire les traitements sur le colza qui est une culture assez sensible et donc demandeuse. Puis en lisant la presse agricole et après divers échanges avec mon technicien de proximité, Edouard Cramet, nous avons trouvé ensemble une alternative », explique Yohann Gilles.
Depuis quelques années, le service agronomique de Cavac propose des « Itinéraires Bis » de culture qui ont fait leurs preuves sur le terrain afin de contourner les problématiques d’une culture par différentes stratégies biologiques. Des nouvelles techniques qui demandent quelques ajustements pour l’agriculteur mais qui sont faciles à mettre en place sans perte de rendement.
Essayer de nouvelles techniques bien réfléchies en amont
En 2021, Yohann Gilles choisit ainsi de cultiver ses 12 hectares de colza différemment parmi ses 80 hectares de cultures (blé, colza, mogette, maïs). Il répète l’opération cette année sur 14 hectares, preuve de sa réussite. Après les moissons de céréales à paille, il a préparé son sol et semé aux alentours du 15 aout. « J’ai commencé par semer le couvert végétal Symbio LFA à 15 kg/ha avec le combiné. Puis 4 jours après, j’ai semé le colza avec le monograine, écartement 50 cm, car j’ai observé que cette méthode favorisait une bonne levée de la culture, mais le couvert et le colza peuvent être semés en même temps avec un semoir à céréales», précise l’agriculteur.
La variété choisie est le colza BRV – 703 tolérant au sclerotinia. L’agriculteur a chaulé et fertilisé au préalable son sol avec du fumier de volaille issu de ses élevages. Il s’autorise un fongicide le plus tard possible pour pallier aux maladies de fin de cycle sur siliques, dûes au retour de la pluie, puis un insecticide quand c’est vraiment nécessaire. En cette fin octobre, le colza se comporte bien, Yohann Gilles n’a fait aucune autre intervention depuis le semis. Il espère en obtenir un rendement supérieur à 40 qtx/ha comme l’année dernière. « Sans désherbage, il y a quand même des zones avec du chénopode qui disparaîtra à l’hiver. Les rendements sont similaires avec une culture classique de colza, mais ce qui est certain, c’est que l’on utilise moins de produits phytosanitaires », conclut-il.
Les avantages du couvert végétal Symbio LFA
Une fois l’hiver installé, le couvert va geler et laisser le colza continuer son cycle. Par ailleurs, sa combinaison de 3 plantes limite les attaques des larves d’altises et des charançons par un effet de perturbation visuelle et olfactive. En se dégradant après le gel, les trois légumineuses vont apporter du carbone et de l’azote dans le sol (40 U) et ainsi économiser des intrants pour l’agriculteur. Enfin, leurs systèmes racinaires de différentes formes (pivot, fasciculé) vont améliorer la structure du sol.
Autre piste de couvert : opter aussi pour un couvert de féverole
Une autre solution pour limiter le désherbage et assurer un apport d’azote via une association de légumineuses est de semer une féverole avec le colza (environ 60 kg/ha). Celle-ci aura un bon effet de couverture de sol, puis une capacité drainante intéressante dans les zones humides grâce à son système racinaire développé. À noter que pour garantir la réussite d’une culture de colza associée sans désherbage, il faut sélectionner une parcelle relativement propre.