Les premiers groupes de progrès pour une « agriculture régénérative des sols » ont été lancés. Pour l’occasion, 40 agriculteurs et agricultrices de la coopérative sont venus visiter la plateforme d’essais des couverts végétaux. L’objectif ? Développer un réseau de parcelles expérimentales au sein des exploitations intéressées pour tester des itinéraires techniques innovants afin d’augmenter la résilience des sols.
Rappel des faits : en mars 2023 a été lancé le projet pour une agriculture « régénérative des sols ». Une véritable stratégie de la coopérative centrée sur la préservation des sols, afin d’exprimer tous leurs potentiels à travers la formation, l’expérimentation et la promotion de techniques innovantes et de ruptures dans les itinéraires culturaux.
Comment ? Notamment en favorisant l’implantation de couverts végétaux que l’on appelle aussi des Cultures Intermédiaires Multi-Services. Ce sont de véritables outils végétaux de fertilisation et de structuration des sols. Ces cultures sous forme de mélanges (vesce, radis, avoine, sarrasin, moutarde, etc.) sont importantes pour capter et restituer de l’azote, limiter le salissement des parcelles par les plantes invasives, protéger le sol de l’érosion ou stimuler, nourrir et développer la vie biologique souterraine des sols.
Ainsi, pour accompagner cette transition « Agro-Éco-Logique », la coopérative a développé un cycle de formation qui se concrétise sur le terrain par la création des premiers groupes de progrès dédiés à essayer des schémas agronomiques innovants. Par exemple, un semi de colza précoce juste après la moisson et observer les problématiques d’altises ou de désherbage, ou simuler un pâturage de couvert de sorgho fourrager, de manière à étudier le comportement physiologique, faire une analyse de sève, etc.
Visite de la plateforme d’essais de Cultures Intermédiaires Multi-Services (CIMS)
Temps fort de la journée, la visite de la plateforme de couverts végétaux semée le 26 juin, 24 h après la moisson de blé, dans le but de profiter de la fraîcheur du sol que la céréale gardait dans cette terre de groie (20 à 30 cm) à la réserve utile restreinte.
Le semi des différentes modalités a été réalisé en direct au semoir à dent. Des mélanges parfois avec plus de 9 espèces différentes pour répondre à plusieurs objectifs à la fois agronomiques et de biodiversité : sorgho fourrager, tournesol, vesce du bengale, vesce velue, radis fourrager, radis chinois, avoine rude, seigle fourrager et trèfle incarnat.
Cette plateforme permet de tester des extrêmes, comme des semis très précoces, des techniques de broyage en reproduisant les contraintes d’une exploitation ou même la fertilisation des couverts (par exemple avec de la kieserite et son effet hygroscopique). Les résultats peuvent aussi bien être des réussites que des échecs, mais constituent toujours de grandes sources d’apprentissage.
Apprendre à « manager » son couvert
Un couvert ou une Culture Intermédiaire Multi-Services (CIMS) se conduit avec autant de minutie qu’une culture principale pour exprimer tout son potentiel. Durant ces échanges sur le terrain, les participant·e·s apprennent à « manager un couvert », par exemple en pratiquant le broyage, afin d’éviter de faire monter en graine les plantes et développer leur masse végétale, comme avec le radis, qui lors des périodes de stress hydrique, peut monter rapidement en graines.
Par ailleurs, en fonction des saisons, on peut privilégier certaines espèces. En prévision d’un automne doux, où la minéralisation est forte, on peut choisir des espèces nitrophiles comme le radis, le seigle, l’avoine, ou la phacélie. À l’inverse, lorsque les conditions de minéralisation de la matière organique sont moins propices, un sursemis de légumineuses peut être envisageable pour re-enrichir le couvert et intégrer des plantes qui prendront le relais sur la période hivernale et constituer une fourniture d’azote disponible pour la culture de printemps : vesce, trèfle incarnat, etc.
Accompagner sans interdire, ni imposer
La quarantaine d’agriculteurs et d’agricultrices, en conventionnel ou en Bio, présents pour cette première rencontre terrain, sont issus des formations proposées par la coopérative sur l’agriculture biologique de conservation (ABC) et l’agriculture Agro-Éco-Logique (AEC). Ils ont suivi plusieurs demi-journées théoriques, afin de renforcer leurs connaissances sur l’agriculture régénérative des sols. Par exemple, en travaillant sur la macro & microporosité grâce aux complémentarités possibles entre les systèmes racinaires et les mycorhizes des Cultures Intermédiaires Multi-Services (CIMS), ou sur la compréhension fine des mécanismes du cycle « carbone-humus-azote ».
En amont des formations, ils avaient calculé l’Indice de Régénération (IR) de leur exploitation, afin de situer les forces et les points à améliorer en termes de couverts végétaux, de diversité des cultures, de travail du sol, ou de gestion des phytosanitaires.